« À bout de souffle. » Le film légendaire des années 1960 qui a fait de Belmondo une superstar
Longtemps carte de visite du cinéma français, Jean-Paul Belmondo s’est fait connaître en incarnant l’admirateur d’Humphrey Bogart dans le film À bout de souffle. C’est peut-être tout ce qui reliait le célèbre acteur européen à Hollywood d’outre-mer. Belmondo a joué dans près d’une centaine de films, mais était extrêmement réticent à quitter son pays natal, ce qui ne l’a pas empêché de devenir une star mondiale.
De plus, les rôles de l’acteur ne se limitaient pas au genre d’action, pour lequel Belmondo était particulièrement apprécié ; Jean-Paul combinait habilement l’action avec des œuvres dramatiques, consacrait beaucoup de temps au théâtre et était également connu comme un causeur intéressant.
À la fin des années 1950, le cinéma mondial est envahi par ce qu’on appelle la « Nouvelle Vague française », qui influence radicalement l’industrie et change la conception même du tournage. Les jeunes réalisateurs n’hésitaient pas à choquer le public avec des techniques artistiques inattendues, expérimentaient constamment et allaient à l’encontre des normes acceptées dans les films commerciaux de masse. Et c’est alors que l’acteur rebelle Jean-Paul Belmondo fait irruption sur la grande scène, jouant le rôle principal dans l’un des films les plus emblématiques de l’époque.
À l’automne 1959, le réalisateur Jean-Luc Godard, 28 ans, commence le tournage de son premier film. Il a écrit lui-même le scénario en collaboration avec l’éminent critique, réalisateur et scénariste François Truffaut, avec qui ils étaient amis depuis plusieurs années. Eh bien, comme je l’ai écrit : en fait, Godard et Truffaut ont composé un morceau précis de l’intrigue juste avant le début de la journée de tournage, puis le réalisateur a expliqué aux acteurs directement sur le plateau ce qu’ils auraient besoin de jouer. L’approche, certes, n’est pas standard, mais c’est à cela que sert la Nouvelle Vague française.
Le budget du film était minime. En fait, Godard a tourné le film avec son propre argent, il a donc dû économiser sur tout. Par exemple, au lieu d’un chariot photo coûteux, la caméra a été transportée dans un fauteuil roulant, mais cela n’a pas affecté le résultat final. Premièrement, le réalisateur savait exactement ce qu’il voulait. Et deuxièmement, il a réussi à intégrer dans son film le prometteur Belmondo, 26 ans, et l’étoile montante américaine Jean Seberg. Il ne restait plus à Godard qu’à gérer judicieusement les ressources disponibles. Et il a réussi.
Le jeune rake Michel Poicart (Belmondo) erre à travers la France sans se soucier particulièrement de rien. Il gagne sa vie en volant des voitures chères et passe la plupart de son temps en compagnie de ses copines. Un jour, alors qu’elle est en voyage d’affaires, Michelle devient la cible de persécutions policières. Sans hésiter, le type s’en prend au gendarme sur un chemin rural, s’enfuit et, comme si de rien n’était, se promène dans Paris.
Le problème est que la police est déjà à la poursuite de Michel, mais le criminel est plus préoccupé par sa liaison avec sa petite amie américaine Patricia (Seberg), ainsi que par le remboursement de l’argent que lui doit un de ses camarades. Michel continue de marcher au bord du gouffre, et la seule question est de savoir à quelle vitesse il va tomber dans l’abîme.
À bout de souffle. Jean-Paul Belmondo
Le tableau « À bout de souffle » a fait sensation à son époque. Non seulement les critiques et les téléspectateurs ordinaires, mais aussi les réalisateurs célèbres en ont discuté. Y compris en Union soviétique. Prise de vue active avec une caméra portative, utilisation de l’éclairage naturel, dialogues improvisés et absence totale de légendes – tout le monde n’était pas prêt pour cela. Mais le film avait aussi d’autres fonctionnalités.
Par exemple, une installation non standard. Incroyablement tranchant et chaotique, comme s’il était fait sur le genou. Mais tout s’explique assez simplement : le réalisateur Jean-Pierre Melville, qui tournait un rôle de camée, s’est plaint à Godard que le film s’avérait trop long, et qu’il serait bien de supprimer certaines scènes. Godard a compris cette demande à sa manière et n’a pas coupé des scènes entières, mais seulement leur début et leur fin. Cette circonstance a rendu le changement de cadre très inattendu et inhabituel pour le public. Même les grands réalisateurs soviétiques Andrei Tarkovski et Georgy Danelia ont discuté de ce sujet, mais ils n’ont pas non plus réussi à parvenir à un accord sur cette question. Que dire du spectateur ordinaire.
« À bout de souffle » regorge de références à diverses œuvres d’art : films de Bergman et Lang, livres de Faulkner, Rilke et Sagan, peintures de Picasso et Renoir, musique de Mozart et Bach. Mais le plus important ici est peut-être la citation sans fin des films hollywoodiens du genre noir, chers au héros de Belmondo.
Michelle copie constamment le comportement des personnages de l’acteur américain Humphrey Bogart, jusqu’à la fin de l’histoire. La célèbre fin de « À bout de souffle » est considérée comme l’une des scènes les plus célèbres du cinéma mondial, et il n’y a pas de quoi s’étonner. Joué et mis en scène simplement avec brio.
Les débuts de Godard n’ont qu’un petit inconvénient : le scénario du film s’est avéré trop simple. Certains téléspectateurs ont même accusé le héros de Belmondo d’être trop superficiel, et on peut les comprendre. Michelle est un personnage dans lequel la forme est plus importante que le contenu. C’est pourquoi il est devenu le symbole de toute une génération et a fait de Belmondo lui-même une superstar mondiale.