Lundi 9 décembre, au tribunal correctionnel de Paris, l’actrice Adèle Haenel a accusé le réalisateur Christophe Ruggia de l’avoir agressée sexuellement alors qu’elle avait 12 ans.
Christophe Ruggia est un réalisateur français surtout connu pour des films tels que Les Diables de 2002. Cependant, son nom est devenu largement évoqué dans le contexte d’un scandale impliquant des allégations d’agression sexuelle.
L’actrice Adèle Haenel a accusé Christophe Ruggia de harcèlement et d’abus sexuels survenus entre l’âge de 12 et 15 ans, pendant la période où ils ont travaillé ensemble sur le film Les Diables. Selon elle, il aurait procédé à des attouchements non désirés et à des baisers forcés. En 2020, des accusations formelles ont été portées contre Christophe Ruggia. En 2024, les procureurs ont demandé un procès, compte tenu de la minorité d’Enel au moment des incidents et de la position de pouvoir de Christophe Ruggia en tant que directeur.
Le scandale autour de Christophe Ruggia est devenu un fait marquant pour l’industrie cinématographique française, longtemps restée en marge du mouvement #MeToo. Le réalisateur lui-même a partiellement reconnu des « erreurs », mais a nié les accusations de violence. Le procès devrait avoir lieu en décembre 2024.
Qu’a dit Adèle Haene aux enquêteurs
Aux enquêteurs, l’actrice avait raconté ces séquences qui l’avaient mise « très mal à l’aise », d’autres « violentes » comme celle où elle avait dû danser devant une prison sous les cris de « à poil ! » de vrais détenus. Et la « bulle » dans laquelle le réalisateur l’avait progressivement « isolée » sur le plateau, demandant à sa famille de ne pas venir pour ne pas la déconcentrer.
Plusieurs professionnels ont exprimé leur « malaise » face aux conditions de travail imposées aux jeunes acteurs, en particulier en ce qui concerne le comportement de Christophe Ruggia sur le plateau. Des termes tels que « envahissant », « déplacé », et des descriptions de gestes inappropriés, comme « sa main sur la cuisse » de la jeune actrice ou « des choses dans le cou », ont été rapportés. Une scripte a même noté : « Ça ne va pas, on dirait un couple, ce n’est pas normal. »
Après le tournage, entre 2001 et 2004, l’adolescente se rendait « presque tous les samedis » après-midi chez celui qui prétendait l’avoir « créée ». Les agressions qu’elle dénonce suivaient un schéma récurrent : lui assis sur un fauteuil, elle sur le canapé, et « très rapidement », il trouvait un moyen de se rapprocher.
Il commençait par caresser ses cuisses, remontait « comme si de rien n’était », puis touchait ses parties intimes. Elle se souvient : « Il respirait fort » et « m’embrassait dans le cou ». Si elle tentait de résister, il réagissait avec une fausse indignation, comme s’il disait : « Non mais qu’est-ce que tu vas croire ? », alors qu’il avait déjà sa main dans ma culotte.
Une « vengeance », selon Christophe Ruggia
Pendant l’enquête, Christophe Ruggia niera tout. Il peinera à expliquer ce qu’ils faisaient pendant plusieurs heures, tous ces samedis après-midi. Se souviendra qu’il lui donnait « un goûter » avant de la ramener chez ses parents. Et mettra les accusations sur le compte d’une « vengeance », car il ne l’aurait finalement pas fait travailler à nouveau.
Les perquisitions menées dans le cadre de l’enquête mettent en lumière un passé préoccupant sur l’ordinateur du réalisateur. En avril 2011, alors qu’Adèle Haenel a 22 ans, il effectue une recherche en ligne avec les mots « Adèle Haenel hot ». Lorsqu’il est interrogé, Christophe Ruggia déclare ne pas s’en souvenir, suggérant qu’il s’agissait peut-être d’une curiosité liée à la sortie du film L’Apollonide. Concernant les lettres dans lesquelles il exprime un sentiment de « manque » à Adèle, il admet devant les enquêteurs que le ton était « excessif ».
En 2019, à 30 ans, l’actrice choisit de s’exprimer dans Mediapart après avoir appris que Christophe Ruggia travaillait sur un film mettant en scène des adolescents, dont les personnages portent les noms des héros des Diables. Christophe Ruggia interprète cette déclaration comme une « vengeance » en rapport avec l’annulation d’un projet commun, mais les juges rejettent cet argument, notant que la comédienne a renoncé à la célébrité et s’est éloignée du cinéma depuis 2023.
Cette année-là, Adèle Haenel avait expliqué sa décision par le désir de « dénoncer la complaisance généralisée du milieu face aux agresseurs sexuels ».
Christophe Ruggia risque jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende.